Massage cachemirien

 

Le massage cachemirien (Kashmiri massage) est issu de la tradition shivaïte tantrique dont l’existence remonte à la civilisation de la Vallée de l’Indus, 2500 ans avant notre ère. Les cachemiriens ont développés cette tradition dès le début de notre ère. Elle a donné lieu à une grande richesse d’écrits philosophiques, poétiques et scientifiques entre le 8ème et le treizième siècle qui a culminé avec les écrits d’Abhinavagupta, auteur du “Tantraloka” au 11ème siècle.

Le massage cachemirien fait partie intégrante du yoga tantrique dont on trouve une formulation dans le “Vijnanabhairava tantra” l’un des plus anciens textes de yoga, écrit au début de notre ère. Le massage n’a pas de visée thérapeutique directe mais tend uniquement à amener à une conscience corporelle subtile et au "spanda", une vibration semblable à celle d’un instrument à cordes. Un traité entier écrit au 9ème siècle par Vasugupta, le “Spandakarika”, lui est consacré. Le spanda va faire fondre la perception de la dualité et mener à une expérience extatique du monde.

Techniquement, le massage est fondé sur la connaissance yogique du corps et l’expérience subtile des 108 marmas ou point énergétiques, semblables aux points d’acupuncture, et qui sont reliés par les mouvements du masseur. Le massage demande avant tout une présence c’est la raison pour laquelle il fait partie du yoga. Pendant deux heures, dans une absence totale de distraction, d’intention et une capacité à faire des mouvements continus et extrêmement lents, le masseur va couvrir la totalité du corps du massé. L’utilisation de l’huile chaude de sésame est recommandée.

Le masseur est assis en tailleur (jambes croisées) le massé est dans l’axe, ses jambes passent de part et d’autre du buste du masseur qui peut ainsi accéder à toutes les parties du corps sans se déplacer et sans perdre le contact. On commence par masser l'avant du corps, puis les deux côtés successivement avant de masser le dos. Le masseur par une technique simple fait basculer le corps du massé d’une position à l’autre.

Le massage se termine par une portée dans l’espace du massé qui n’est plus soutenu que par les genoux et les mains du masseur et flotte sans contact avec le sol.

J’ai reçu la transmission de ce yoga en 1975, de la yogini cachemirienne Lalita Devi et je l’enseigne depuis 1995 en Europe et aux Etats-Unis. Le massage cachemirien est une voie vers l’harmonie émotionnelle, corporelle et mentale, un yoga à part entière.

                                                                           Daniel Odier


Repères bibliographiques

* Tantraloka, traduction partielle de Lilian Silburn, De Boccard, 1995.

* Tantra Yoga, le tantra de la connaissance suprême, (trad. Et commentaire du Vijnanabahirava tantra), Daniel Odier, Albin Michel, 2004.

* Spandakarika, stances sur la vibration, Lilian Silburn, De Boccard, 1990.

 

* L’incendie du coeur, le chant tantrique du frémissement, (Spandakarika) Daniel Odier, le Relié 2004.

* Massage détente, Catherine Maillard, Editions Jouvence (consacre un chapitre à ce massage tantrique).